Présentation du Parc National de Port-Cros pour la Journée mondiale des pêcheurs du 21/11/08 à  La Seyne sur mer

Document

Le Parc National de Port-Cros a été créé en 1963, avec une surface marine de 1300 ha. La protection terrestre et marine a maintenant 45 ans, avec une interdiction des arts trainants et de la chasse sous-marine en 1963. La réglementation marine est assez complexe mais toutes les activités sont encadrées et réglementées, le plus souvent en concertation avec les professionnels. Il y a une pêche artisanale autorisée dans le périmètre du Parc et réglementée par une Charte que l’on élabore avec les pêcheurs professionnels lors des réunions annuelles.

Trois types d’informations sont utilisés :
– les déclarations de captures ( les pêcheurs remplissent chaque année un agenda de pêche avec leurs prélèvements),

– un suivi des filets par nos agents lors de leurs sorties,

– un embarquement des scientifiques avec les pêcheurs pour des relevés très précis.

L’obtention de ces données est rendue possible du fait de la participation des pêcheurs. 5% du périmètre de l’aire marine sont interdits à  la pêche car réservés aux sites de plongée ou baignade.

Les Parcs nationaux ont un niveau de protection parmi les plus élevés. On peut donc se poser 2 questions :

1°) ces contraintes empêchent-elles l’activité de pêche professionnelle ?

2°) cette pêche nuit-elle à  la conservation des habitats et des espèces, l’une des 2 activités principales du Parc avec l’ouverture au public ?

1°) Non. Sur le relevé des filets, l’activité de pêche est répartie autour de Port-Cros. Pour la zone de Port-Cros et Le Levant, l’effort de pêche n’est pas inférieur à  ce qui se fait ailleurs, notamment dans la rade d’Hyères. Si l’on prend la capture par unité d’effort (poids de poisson par longueur de filets et par jour de sortie), on est entre 1,3 et 2,2 kg pour 100 m de filets par jour, soit des données comparables, voire supérieures, à  ce qui se fait ailleurs.

2°) Les habitats sont en excellent état, parfois dégradé par d’autres causes (comme la caulerpe ou la racemosa) mais pas par la pêche. On a des espèces dont les quantités et densités sont satisfaisantes, voire très élevées. L’exemple d’une espèce phare comme le mérou montre que sur 30 ans, le nombre de mérous a fortement progressé. Pour le corb, la population augmente dans le territoire du Parc.

Nous observons toujours une évolution de l’effet réserve, au bout de 44 ans. Trois hypothèses peuvent être faites pour répondre à  cela :

– c’est un effet de la diminution des prélèvements (la pêche de loisirs a été
totalement interdite à  partir de 1999),

– ce peut être un effet temporaire qui disparaîtra lors des prochains
relevés,

– c’est une évolution propre à  certaines espèces.

Donc la biodiversité de Port-Cros ne semble pas du tout menacée par la pêche artisanale telle qu’elle se pratique actuellement. On a une qualité des sites exceptionnelle. En l’état de nos connaissances actuelles, il n’y a pas d’interaction négative entre la pêche artisanale – en précisant aussi qu’elle est issue d’une culture prud’homale, c’est important puisqu’elle est à  la base des règlements de la Charte  » et la protection de notre environnement marin.

Ces données sont publiées dans une revue scientifique et elles confirment l’intérêt que
l’on a à  travailler avec les pêcheurs.

Jean Canale (Prud’homme des Salins d’Hyères) : la réserve de Port-Cros a, à  peu près les mêmes résultats que le Cantonnement du Cap Roux et il y a des pêcheurs dedans. On peut évaluer l’impact de la pêche. Egalement la production de poissons déborde. Beaucoup d’espèces pêchées dans le Parc intéressent les pêcheries qui sont à  côté. Les prud’homies sont les unes à  côté des autres mais n’ont pas toutes les mêmes types de pêche. Certaines ont des arts trainants et d’autres sont basées sur l’art fixe. C’est ce qui permet à  chacune d’y trouver son compte. Dans le Parc national, les arts trainants sont interdits mais tout ce qui en sort profite aux Prud’homies voisines.

Pour les réglementations, on se rencontre une fois par an et on discute. Ces règlements sont à  la base les règlements des prud’homies donc on n’a pas de surprises. L’application est stricte, du fait du contrôle exercé par le Parc National. S’il y a eu un débordement, le Prud’homme reçoit un PV du Parc National et l’on évalue la situation avec le pêcheur. Il y a parfois du mauvais temps ou des paramètres qui font qu’on ne peut pas faire comme l’on veut. C’est pas facile de travailler sur l’eau avec de petites embarcations artisanales, on n’a pas toujours le matériel nécessaire pour se positionner On limite la longueur et la puissance des bateaux Certaines personnes retrouvent le fait de se plier aux règles. Dans certaines prud’homies, on a parfois des difficultés à  fonctionner car les gens en ont ras le bol de se faire contrôler en permanence, de voir des injustices. Là , on s’appuie un peu sur le Parc National et une fois par an, lorsque l’on discute, certains vident leur sac et quand on s’en va tout le monde est content. C’est aussi plus facile parce que le Parc est petit par rapport à  celui de la Mer d’Iroise qui est énorme. Ca nous parait facile parce que cela fait longtemps qu’on travaille ensemble. Les gens sont devenus des copains que l’on respecte. De toutes les manières, si l’on ne les respecte pas, on peut voir son autorisation refusée l’année d’après. C’est l’ensemble des pêcheurs qui l’écartent. Même dans la pêche, il y a des gens – non des voyous – mais des gens qui ont des difficultés, au démarrage, à  pêcher (il ne suffit pas de jeter un filet à  la mer) et donc à  se plier aux règles. Dans le Parc, les agendas permettent de voir où les autres mettent leurs filets et donc, pour un jeune pêcheur, de devenir performant plus vite qu’ailleurs.

Concernant les pétardements, on vit les mêmes problématiques. Sur la carte, vous voyez le Parc National et, à  proximité, il y a une zone où se font les pétardements (pétaradages). Les dragueurs de mines sont obligés de faire des exercices – un ou deux par an  » avec 600 kilos ! On avait mis un peu le feu au poudre ( !), ça a provoqué la pagaille et nous sommes allés participer aux tirs. Il disait que ça n’avait pas d’incidence sur les poissons. Dans cette zone, il y a des milliards d’alevins de petits rougets (17.01) qui engendrent les saisons à  venir. Maintenant, on n’en prend plus dans cette zone, ou 5 par jour, vous voyez les dégâts que cela peut faire Ce sont des têtes de missiles, des missiles que l’on dévisse, ils sont inertes bien-sà’r mais la charge existe, ce sont des K10… De cette façon on se débarrasse des 600 kg, sinon il faudrait les envoyer dans une usine de retraitement. Depuis que l’on a mis la pagaille, la limite a été fixée à  110 kg dans cette zone. On a gagné 490 kg mais on n’a pas gagné la bataille. Je ne comprends pas que l’on fasse péter de la dynamite à  côté du Parc National, de Pélagos, de Natura 2000 Nous pêcheurs, avec toutes les règles que l’on nous impose, on comprend mal Les géniteurs qui ne sont pas morts partent de la zone

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