Méditerranée : intégrer pêches et cultures marines à  la spécialisation touristique et résidentielle

Une succession de marchés de vente directe, dans la lignée des marchés provençaux et une « Démarche qualité » pour rapprocher le consommateurs des « bonnes » pratiques de pêche »

Le guide des bonnes pratiques des techniques de pêche varoise recense des règles générales, et spécifiques à  chaque technique([Gangui, pêche aux thonidés et grands migrateurs, filets, casiers, palangres, pêche d’oursins)], pour respecter au mieux les prises, la ressource et l’environnement. Certaines sont incontournables, d’autres recommandées par les pêcheurs. Fondée sur une base volontaire, cette démarche est évolutive. Ci-après, quelques exemples :
– les déchets sont collectés et ramenés à  terre,
– les techniques sont adaptées pour éviter la prise de poissons sous-taille,
– les prises vivantes accidentelles, non commerciales ou protégées, sont rejetées,
– les pollutions et pratiques mettant en danger la ressource (braconnage, pétardements) sont signalées,
– un système d’attache de secours est prévu pour éviter la perte d’engins de pêche lorsque les signaux sont coupés par d’autres usagers

Photo Alain Ponchon

Un archipel de petites aires marines protégées gérées
avec les Prud’homies de pêche

Les aires marines protégées (AMP) sont-elles un outil de gestion pour la pêche artisanale, susceptible de les aider à  assurer leur avenir ? Telle est la question que s’est posée Catherine Seytre en rédigeant sa thèse de biologie marine, à  l’Université de Nice, sous la direction de Patrice Francour.

En comparant le cantonnement du cap Roux(Cantonnement créé en 2002 à  l’initiative de la Prud’homie de Saint-Raphaêl. Aux tombants de l’Estérel,
il est le plus grand de France continentale (5ha). Toute pêche (professionnelle et de loisirs) y est interdite.
) avec la réserve de Scandola (Corse) qui existe depuis 15 ans, elle observe un commencement « d’effet réserve ‘. Diminution de la variabilité saisonnière : les espèces « s’installent » ou fréquentent plus régulièrement la zone, en hiver comme en été. les résultats des pêches
Certaines d’entre elles, ciblées par la pêche, augmentent en densité et en taille. En attestent expérimentales réalisées avec un pêcheur professionnel. « Une AMP demandée par les pêcheurs professionnels, c’est rare » commentera l’un des membres du jury. Une thèse scientifique dont les méthodes et critères d’évaluation sont pensés au regard du dialogue avec les pêcheurs est également novateur

Une mosaïque de plans de gestion prud’homaux égrenée tout au long du rivage

Décryptage des règlements de la Prud’homie de Saint-Raphaêl

Décision démocratique d’une communauté de pêcheurs exerçant sur un territoire, validée par l’Administration et applicable à  tout pêcheur tiers qui viendrait travailler dans la Prud’homie. Les principaux objectifs sont les suivants :

1°) Maintenir la dimension « artisanale ‘ de la flottille et répartir l’exercice de la pêche sur le territoire afin d’éviter les conflits :
– les engins autorisés sont listés, les « grands métiers » n’ont pas cours (le chalutage est interdit au même titre que les arts trainants, les grandes sennes ne sont pas en usage), les limitations sur les conditions d’usage des métiers empêchent le développement de techniques intensives spécialisées et incitent à  la polyvalence des pêcheurs pour des techniques diversifiées,
– l’intensité de capture est plafonnée par bateau et par métier (longueur totale des filets utilisés, nombre maximal de casiers ou d’hameçons pour les palangres),

2°) Pérenniser l’activité de la communauté en préservant le renouvellement de la ressource sur le territoire :
– l’intensité de capture est plafonnée globalement et par métier : longueur totale des filets utilisés, nombre maximal de casiers ou d’hameçons pour les palangres
– sont protégés réglementairement les zones de frayères des rascasses, les langoustes et homards grainés, les juvéniles (taille minimale des mailles et hameçons),
– sont plafonnés les temps de trempage des engins dans l’eau afin d’éviter le rejet inutile de captures abimées,
– des périodes de pêche sont prévues pour certaines pêches côtières afin de laisser reposer les fonds.
– certains métiers exercés sur des postes de pêche bien identifiés donnent lieu à  un tirage au sort entre les pêcheurs lorsqu’ils sont en compétition pour les mêmes postes. Les pêcheurs régulièrement embarqués sont prioritaires sur les autres. Le calage se fait perpendiculairement à  la côte pour ne pas gêner les autres postes,
– les engins sont signalés et identifiés par des signaux visibles et marqués au nom du bateau,
– certains engins plus dépendants des conditions spatio-temporelles (filets de postes, petits filets dérivants) sont prioritaires sur d’autres,
– pour certains métiers, une distance dans le calage des engins doit être respectée afin de ne pas gêner l’efficacité du piégeage.

Avec une telle dynamique fondée sur la diversité des techniques exercées par des pêcheurs polyvalents, les limites d’absorption du marché local et la gestion collective de l’activité sur le territoire, les pêcheurs ne cherchent pas à  maximiser leurs captures jusqu’aux limites du territoire. Leur objectif est « de bien vivre de leur métier et d’en laisser à  leurs enfants » ; ils peuvent laisser reposer leurs pierres ou les espèces par des pratiques alternatives ; ils peuvent gérer individuellement leur activité sans se sentir lésés par les autres…

« Pescatourisme ‘
ou comment faire découvrir
le métier de la petite pêche
aux non-initiés tout en diversifiant l’activité du pêcheur ?

152 passagers ont embarqué cet été à  bord d’un des cinq bateaux de pêche professionnels lancés dans cette aventure du « Pescatourisme ‘ sous l’égide du Comité local des pêches du Var. Pour une matinée, ils ont participé au relevage des filets, palangres ou casiers et échangé sur un métier difficile, peu connu et souvent mal perçu des médias. L’Association Marco Polo, cheville ouvrière de ce projet lancé sur 3 ans, à  partir d’une expérience italienne, a déjà  à  son actif le développement touristique en milieu montagneux et la mise en place d’un forum international du tourisme solidaire. Son objectif : inscrire la petite pêche varoise dans le développement touristique littoral et, par cette diversification, l’aider à  mieux gérer ressources halieutiques et territoires de pêche. Il reste à  faire évoluer les conditions règlementaires d’embarquement qui imposent 2 membres d’équipage à  bord. Une réalité qui n’est pas celle de la petite pêche varoise exercée le plus souvent par un pêcheur seul embarqué.

Pour les quelques « grands ‘ bateaux, il est envisagé d’étendre la sortie à  la journée avec un repas concocté avec les produits de la pêche

Photo Philippe Joachim

L’implication des pêcheurs et prud’homies dans la préservation de leurs territoires

(liste non exhaustive des actions menées sur le littoral)

Gruissan : mise en réserve d’un étang par la Prud’homie

Palavas : 13 ans de lutte juridique pour préserver les étangs

Etang de Berre : lutte juridique contre le détournement de la Durance et le rejet d’eau douce et de limons

Carteau : rétablissement de l’arrivée d’eau douce par la coopérative des conchyliculteurs et la Prud’homie

Martigues : négociations avec le Port Autonome de Marseille pour le rejet des boues de dragage

Parc Marin de la Côte Bleue : réserves et récifs implantés en lien avec les Prud’homies de Marseille et Martigues

La Ciotat : aménagement d’une aire de mouillage, rôle de sentinelle de la Méditerranée

Parc National de Port-Cros : Charte de pêche professionnelle établie sur la base des règlements prud’homaux

Saint Raphaêl : création du cantonnement du Cap Roux par la Prud’homie

Corse : réserves de Scandola et Bonifacio gérées avec la coopération des prud’homies

FEP Varois : préparer l’avenir de la petite pêche côtière, dans un environnement préservé et en bonne entente avec les usagers du plan d’eau

En partenariat avec le WWF France, le Comité local des pêches du Var accède à  un outil européen pour construire et financer des projets, en concertation avec les usagers maritimes : pêcheurs de loisirs, plongeurs, chasseurs sous-marins, secteur touristique, collectivités territoriales Ces projets sont gérés par l’association « APAM ‘ (Association des Acteurs Varois pour une Petite Pêche Côtière et des Activités Maritimes Durables), nouvellement créée.
Ils ont pour finalité de :
– mieux connaître le milieu naturel et les pratiques de pêche,
– valoriser les produits et les métiers de la pêche,
– gérer le territoire en lien avec les différents acteurs et diversifier les pratiques de pêche,
– coopérer avec les autres groupes FEP à  l’échelle nationale et internationale.

Vous avez un projet qui rentre dans ce cadre, contactez Stéphanie D’Agostino
pour un soutien financier (FEP axe IV)
T. 04 96 11 69 42 e-mail : sdagostino@wwf.fr

Une formation adaptée à  la petite pêche : une expérience pilote varoise

Les nouvelles obligations définies au niveau national s’avéraient être un frein à  l’entrée dans la profession, sans être pour autant vraiment adaptées à  l’exercice des petits métiers varois. S’inspirant d’une expérience pilote menée à  La Réunion, le Comité Local des pêches du Var, a demandé aux Affaires Maritimes de mettre en place un « certificat de commandement à  la petite pêche ‘ moins coà’teux, moins long et d’un contenu plus approprié. C’est chose faite et la première session a démarré à  l’Institut de promotion et de formation aux métiers de la mer (83 – La Seyne sur mer) le 30 novembre dernier avec 14 apprenants ; certains pêcheurs dérogataires vont ainsi régulariser leur situation tandis que d’autres marins vont s’initier au commandement.

Ce certificat est valable pour un patron seul embarqué, effectuant des sorties de moins de 24 h et commandant un bateau de moins de 9 m et moins de 160 kw.

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