Calanques : les pêcheurs varois seront-ils consultés ?

Pour une égalité de droit des pêcheurs au sein de l’Europe

Les Prud’homies de Bandol, Sanary et Le Brusc ont écrit au Président du GIP Calanques et au Préfet Maritime de Méditerranée pour que leurs pêcheurs soient traités avec une égalité de droit. Plusieurs pêcheurs de ces Prud’homies travaillent régulièrement, et depuis plusieurs décennies, sur le site du parc des Calanques et sur la zone projetée de réserve intégrale (pêche du merlan, dorade rose et autres). La stabilité relative comme les droits historiques font partie des principes européens et jouent d’un Etat membre à  un autre comme d’une Prud’homie à  une autre. En ce sens, les pêcheurs de ces Prud’homies se sentent discriminés.

Une réserve intégrale démesurée qui sape les conditions de survie de la petite pêche artisanale…

Ces prud’homies remettent en cause la taille démesurée de la réserve intégrale sur la zone de la Cassidaigne. Cette amputation entraînera un report de l’activité sur la bande littorale déjà  largement pressurée par les activités nautiques et  déstabilisera l’ensemble de la petite pêche. Selon les années, la pêche sur cette zone représente jusqu’à  30% de l’activité des bateaux varois qui y travaillent. Supprimer les conditions de survie de la pêche artisanale, la seule qui soit réellement une pêche durable et d’avenir, serait en pleine contradiction avec la gestion de l’environnement maritime. Un tel objectif de la part des promoteurs de ce parc serait incompréhensible…

Le principe avancé d’une réserve intégrale de 10% de la superficie du Parc (soit en l’occurrence 4300 ha) est une mesure généraliste qui conviendrait peut-être à  des zones marines où le plateau continental est étendu et où les techniques de pêche intensives permettent une grande mobilité des bateaux. Ce principe est totalement inadapté à  ces côtes méditerranéennes, à  l’étroitesse du plateau continental qui les caractérise, et aux modes de pêche.

Une réflexion de fond pour une gestion adaptée au terrain

Avec plusieurs siècles d’expérience, les Prud’homies de pêche de Méditerranée ont géré l’activité en tenant compte des conditions locales d’exercice. La richesse de ces écosystèmes marins, relativement à  d’autres côtes méditerranéennes, témoigne de leur efficacité. Elles ont rarement eu des territoires de pêche suffisamment étendus pour pouvoir créer de grandes réserves intégrales. C’est par une gestion fine de l’activité de petits métiers sélectifs qu’elles ont pu laisser reposer des espèces ou des zones alternativement, et préserver certaines zones de frayère. Ce système s’apparenterait aux techniques de jachère et à  la pluri-culture qui caractérise l’agriculture de montagne.

La zone de réserve envisagée est totalement démesurée par rapport aux conditions de pêche locale. Une telle étendue n’existe même pas à  ce jour en Atlantique dans des zones où le plateau continental s’étend sur plus de 500 km au large. En ce qui les concerne, elles y ciblent certaines concentrations saisonnières d’espèces. Dans cette région fréquemment ventée, la Cassidaigne est une zone de repli accessible car souvent plus abritée du vent d’est ou du courant ligure que les autres zones.

La création de ce parc et de cette réserve faisant partie inhérente d’une gestion des zones marines, il est indispensable d’engager une réflexion de fond à  partir des activités halieutiques concernées, de la configuration du littoral et de l’expérience prud’homale qui constitue l’un des rares modèles de gestion des pêches qui soient à  l’oeuvre aujourd’hui.

Un parc marin avec la participation des Prud’homies

Ces prud’homies ne sont pas opposées à  la création d’un parc marin, tout au contraire, mais les zones d’interdiction de pêche doivent être raisonnables et définies avec l’accord des prud’homies. A titre de comparaison, le cantonnement du Cap roux initié par la Prud’homie de St Raphaêl fait 400 ha, la réserve de Scandola créée avec l’accord des Prud’homies corses mesure 70 ha…),

Les Prud’homies doivent participer directement à  la gestion de la pêche professionnelle dans le Parc, comme elles le font déjà  sur l’ensemble des territoires littoraux. Il est totalement exclu que des réserves intégrales pour la pêche maritime professionnelle soient créées sans l’accord des Prud’homies concernées. Dans la charte qui sera élaborée, il devra être stipulé que l’activité de pêche maritime professionnelle, dans les coeurs de parc ou dans les zones adjacentes, sera exclusivement régie par les règlements prud’homaux dans leur intégralité. (C’est déjà  le cas dans la Charte de la pêche professionnelle du Parc National de Port-Cros).

Concernant d’éventuels arrêtés « décadents » à  propos des petits métiers, les prud’homies sont totalement opposées à  de telles mesures qui condamneraient l’avenir de la petite pêche artisanale.

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