Calanques, réserves et autres cloches : qui pêchera demain si ce n’est l’industrie ?

La nature sous cloche, c’est bien mais qui pêchera demain le poisson que nous mangeons ? L’industrie a les moyens de contourner les cloches, l’artisanat non. Dans quelques endroits où le plateau continental est relativement étendu, la pêche artisanale préserve un pré carré sur des zones éloignées pour favoriser le repeuplement mais dans l’ensemble elle préfère limiter la puissance des navires et la dimension des engins, moduler et alterner la pression exercée sur les différentes espèces ou les sites, en bref travailler en bonne intelligence avec les écosystèmes dont elle dépend.

Gros bateaux, puissance infinie, une zone est vide on passe à  l’autre, cloche et industrie vont bien ensemble…

Dans l’histoire du parc des Calanques, il ne s’agit pas tant de préserver les poissons que de cumuler des pourcentages, additionner des suffrages…

Parc National de Port-Cros : réserve de 61 ha (avec Charte pour l’exercice de la pêche professionnelle), Réserve de Scandola : 72 ha, Parc marin de la Côte Bleue : 2 réserves de 85 ha et 210 ha, Cantonnement du Cap Roux : 400 ha, Réserve intégrale du Parc National des Calanques : 4400 ha !*

Cherchez l’erreur…

L’affaire est si bien entendue de Paris – qui, comme chacun sait, maîtrise les mers et océans – que la décision s’est faite sans aucune concertation avec les pêcheurs du Var**. A croire que la France et l’Europe s’arrêtent aux Bouches du Rhône. La Bretagne pêche régulièrement en Mer d’Iroise mais seuls les pêcheurs des Bouches du Rhône ont droit de cité dans leurs eaux ! Et notre Ministre est très fière d’additionner les pourcentages de réserves***. Paraît que ça se verra dans les suffrages des prochaines présidentielles. C’est un tout autre poisson que l’on poursuit là .

Alors, adieu gestion littorale, développement régional, longue expérience prud’homale, savante harmonie de la pêche artisanale et des écosystèmes marins…

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* A noter que toutes ces réserves ont été créé par ou avec les pêcheurs professionnels. Quant à  « l’immense Parc marin d’Iroise », il n’affiche même pas de zone intégrale sur son site (ou alors elle est bien cachée) mais un dispositif complexe tenant compte des divers usages…

** Que ce soit par le biais des Prud’homies concernées (Bandol, Sanary et Le Brusc), du Comité local des pêches du Var ou du quartier maritime de Toulon…

*** « Kosciusko-Morizet souligne les progrès accomplis en matière de protection de la mer (AFP- 14.02.2011) : L’année 2011 sera celle du « plus grand bilan » en matière de protection de la mer dans les eaux territoriales françaises, avec la création de trois aires maritimes protégées (AMP), a déclaré lundi à  Monaco la ministre de l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet… »

Voir également :

– Les pêcheurs varois seront-ils consultés ?

– Calanques : les pêcheurs artisans sont inquiets

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