Pour en finir avec le boycott des poissons sauvages…

Vente directe à  SanaryLa Commission Européenne lance un site internet : choisirsonpoisson.eu. Les « messages » sont relayés par le site » ohmyfood » à  propos de cuisine durable : comment bien choisir son poisson ? De son côté, Fish2fork « épingle » les restaurateurs Bruxellois qui osent servir des espèces « rouges ». Qu’en est-il de ces « prescriptions »? Faut-il les prendre au pied de la lettre ? Ci-après, quelques commentaires :

Le boycott d’espèces menacées n’a de sens qu’au regard de la pêche industrielle. Par contre, la pêche artisanale, la seule qui soit durable, a une pression limitée sur les stocks et joue sur la diversité saisonnière. Ne pas acheter ses apports la mettrait en péril. En conséquence, manger sans réserve du thon rouge, de l’espadon, de l’anguille ou de la raie qui proviennent de la pêche artisanale !  Sachez à  propos du thon rouge qu’il pullule littéralement sur les côtes méditerranéennes depuis 3 à  4 ans, au point que les pêcheurs en prennent sans le vouloir… Il faut en déduire que la gestion des stocks n’a de sens que « territorialisée ». Laisserait-on proliférer dangereusement des chamois sur un territoire sous prétexte que l’espèce est en danger au niveau mondial ?

Vente directe à  Sanary d'oursins récoltés en apnéeNos côtes françaises sont encore exploitées par des flottilles de dimension limitée (80% des bateaux mesurent moins de 12m) et qui sont engagées fortement dans la gestion des pêches et des territoires. Seul problème pour les consommateurs, à  moins d’avoir la chance d’habiter sur le littoral et d’acheter directement aux pêcheurs, nos instances ne veulent pas imposer une traçabilité sur le mode de capture des poissons, il est donc difficile de savoir dans quelles conditions ils ont été capturés. Quant aux labels, ils sont difficiles à  obtenir, chers, et conçus de fait pour la pêche industrielle… La vraie solution est d’avoir une traçabilité qui permette de savoir si le produit est d’origine industrielle ou artisanale.

Enfin, l’élevage de poissons et crevettes, qui sont généralement carnivores, constitue un gaspillage phénoménal pour notre planète puisque les animaux sont nourris avec du poisson sauvage (à  raison de 3 à  7 kg pour 1 kg de poissons d’élevage). Imaginez sur terre que nous élevions massivement des lions nourris avec des moutons… Ces poissons dits « fourrages » (sardine, anchois, sprat, chinchard…) sont à  la base de la chaine alimentaire, leur capture massive (1/3 des captures mondiales) risque de déséquilibrer toute la chaine. Par ailleurs, nos flottes industrielles vont les prendre dans les eaux des pays du sud au détriment des populations qui s’en servent de nourriture. S’il y a une espèce à  boycotter, c’est bien les produits d’élevage ! (Ne sont pas concernés évidemment les élevages extensifs de coquillages effectués dans les milieux naturels sans apport de nourriture).

Les informations transmises par la Commission Européenne sont à  « nuancer » quand on sait qu’elle s’apprête à  instaurer un droit de pêche individuel et transmissible sur la ressource marine : une première dans l’histoire de notre humanité que de privatiser, à  grande échelle, cette ressource commune naturelle. Ce droit de pêche est un outil de concentration qui favorise les grands armements au détriment de la flotte artisanale. Sous allure de gestion environnementale; cette mesure donnera aux grands armements une grande part de la ressource exploitée aujourd’hui par des artisans. Ces derniers revendiquent une gestion collective et territorialisée de la ressource marine.

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