En période de confinement, Chantal Théry et François Poulin se sont prêtés à un jeu d’investigation personnelle, puis d’écriture, pour préciser ce qui leur est essentiel. Ci-après, le texte de François…
« Que préfères-tu dans la nature ? » Ce que je préfère… c’est une plante : le pissenlit !
Ma plante préférée, le pissenlit, n’est pas une « mauvaise herbe » ! Il est le premier jouet de mes deux ans : grâce à sa sphère blanche qui, telle un parachute, rend visible les tourbillons du vent. Ses fleurs jaune vif ont composé le premier bouquet que j’ai offert à ma mère, qui a sans doute préféré la poignée de violettes que je lui ai offert plus tard.
Enfant, le printemps – après l’enfermement d’un hiver sans fin – révélait ses merveilles : la verdure qui venait tout enrober, percée des pointes de couleur des premières fleurs ; je m’y plongeais et des parfums puissants m’envahissaient, surtout celui du lait des pissenlits mêlé à celui de la terre humide. C’est sans doute à ce moment que je fis vraiment la découverte d’une nature qui me fascine toujours autant.
Le pissenlit adore la compagnie de l’homme. Lors du déménagement des maisons sur La Butte, à Deschaillons, je ne vois aucun pissenlit dans l’herbe. Certains à l’époque auraient aimé que ce fût le cas pour leur gazon, leur pelouse banlieusarde. Mais au deuxième printemps : quelques fleurs jaunes apparurent à l’ouest du jardin, pas suffisamment pour une salade… Très vite la talle s’élargit et ce fut le commencement de ces régals de début mai, accompagnés des « têtes de violon » (ou « crosses de fougères »), d’échalotes de Saint-Anne, d’écrevisses du Saint-Laurent. Continuer la lecture